Le mystère des arômes du chocolat
L'arôme du chocolat ne dépend pas seulement des variétés de cacao mais aussi des terroirs et surtout des étapes de la transformation des graines.
I. Historique du cacao
Le nom scientifique du cacaoyer
est Théobroma cacao. Théobroma signifie "nourriture
des dieux".
Le "Xocoalt" est l'ancêtre du chocolat. Les Mayas, puis les Aztèques, furent les premiers à cultiver rationnellement le cacaoyer qui avait de multiples usages : ses fèves étaient envoyées à la cour comme tribut, elles servaient de monnaie d'échange. Ils fabriquaient aussi une boisson reconstituante, fortifiante et prétendue aphrodisiaque à partir des fèves qu'ils faisaient griller puis concassaient sur des pierres plates. Ils obtenaient ainsi une pâte à laquelle ils rajoutaient de l'eau et, selon leur richesse, de la vanille, du poivre, du piment, de la cannelle, du musc, de la farine de maïs. La pâte était chauffée, le beurre de cacao remontait à la surface. Le liquide était ensuite battu avec une branche pour obtenir une mousse, durable.
Les Espagnols
découvrent un breuvage amer. En 1519, les Conquistadores débarquent
sur la côte du Tabasco, au Mexique, avec 11 bateaux, 700 hommes et 14
canons. Cortez commence la conquête du pays, il rencontre l'empereur aztèque
Moctezuma qui le reçoit et lui offre une gigantesque coupe d'or remplie
de " xocoalt ". Au début, cette boisson amère ne plaît
guère aux Espagnols, plus attirés par l'or que par la découverte
de la culture indigène. Les religieux d'Oaxaca ont alors l'idée
d'y ajouter du sucre de canne et un peu de vanille. Ils viennent d'inventer
le chocolat !
En Europe, c'est la révolution du cacao. En 1524, Cortez expédie
la première cargaison de cacao à Charles Quint qui adore cette
nouvelle boisson et accorde aux Espagnols le monopole du commerce du cacao.
Pendant un siècle, ils en garderont jalousement la recette. Mais en 1615,
la fille du roi d'Espagne, Anne d'Autriche épouse Louis XIII. La nouvelle
reine de France fait
rapidement partager à la cour sa passion pour le chocolat. Au fur et
à mesure que se développe l'engouement pour le cacao, les Espagnols
encouragent sa culture dans les Caraïbes et en Amérique latine.
Les Anglais, les Français, les Hollandais et les Portugais l'implantent
également dans leurs colonies respectives. De nouvelles plantations naissent
au XVIIème et au XVIIIème siècle au Brésil, dans
le Sud-Est asiatique et en Afrique. Jusqu'au XVIIème siècle,
le chocolat n'était consommé que sous forme de boisson. C'est
en 1674 que le premier chocolat à croquer est fabriqué à
Londres sous nom de "chocolat en boudins à l'espagnole ". Au
XXème siècle, la production de cacao a augmenté de façon
vertigineuse : on est passé de 115 000 tonnes en 1900 à plus de
2 600 000 aujourd'hui.
II. L'arôme, une alchimie
Mais c'est
dans les étapes de la transformation des graines jusqu'aux produits chocolatés
que l'élaboration de l'arôme prend le plein d'importance. Les graines
possèdent déjà en elles un arôme de constitution
peu abondant mais caractéristique. Lorsque les cabosses sont ouvertes
et que les fèves sont entassées dans des
caisses ou des grands paniers, la pulpe qui les entoure fermente. Cette opération
dure entre 4 à 7 jours. Elle va induire un ensemble de réactions
biochimiques sur la fève elle-même et produire un arôme obtenu
par fermentation qui sera déterminant dans la subtilité de l'arôme
final. Mais c'est au moment de la torréfaction que se développe
l'arôme du chocolat proprement dit. Aujourd'hui, certains chocolatiers
produisent des chocolats dits "d'origine pure" sur la base des spécificités
aromatiques. Plus de 500 composés chimiques ont été identifiés
dans l'arôme du chocolat ! Il est désormais possible de déterminer
le degré d'importance de composés dans l'arôme du chocolat.
On fait appel à un "nez" pour identifier la présence
d'une odeur au cours l'analyse.
III. Un monde de cacao
La consommation
de cacao est en nette croissance dans le monde, alors que les prévisions
sur la production se révèlent peu optimistes. Va-t-on manquer
un jour de cacao ?
Avec plus de 2 600 000 tonnes, la production mondiale est en très forte
augmentation depuis plusieurs années, mais présente aujourd'hui
un léger fléchissement. La plupart des prévisions prévoient
une production déficitaire dans les années à venir. Ce
qui n'est pas sans causer quelques inquiétudes car la consommation de
cacao est, par ailleurs, en nette croissance grâce au développement
des produits chocolatés et à l'émergence de nouveaux marchés
en Europe de l'Est et en Asie. Entre 1980 et 1995, la consommation par habitant
a augmenté de 100 % en Angleterre, de 50% en France et aux Etats-Unis.
Ainsi l'Europe et l'Amérique du Nord représentent-elles actuellement
79% de la consommation mondiale de cacao.
Pays |
Consommation/habitant/an
|
Allemagne | 10,12 kilogrammes |
Belgique | 10,06 kilogrammes |
Autriche | 9,52 kilogrammes |
Irlande | 8,76 kilogrammes |
Royaume-Uni | 8,59 kilogrammes |
Danemark | 8,28 kilogrammes |
France | 6,69 kilogrammes |
Suisse | 5,21 kilogrammes |
Espagne | 5,21 kilogrammes |
Pays-Bas | 4,54 kilogrammes |
Finlande | 3,60 kilogrammes |
Italie
|
3,29 kilogrammes |
Grèce | 2,84 kilogrammes |
Portugal | 1,93 kilogrammes |
IV. Qualité et variété, les deux enjeux
d'un commerce international
L'évolution des modes de vie dans les pays développés a influencé la demande en cacao. Le marché du cacao s'est segmenté. Cet intérêt pour la diversification des approvisionnements en fèves a notamment engendré un regain d'attention pour certains cacaos "historiques" issus du Venezuela, de l'Équateur ou de Madagascar. Ainsi a-t-on vu récemment apparaître des tablettes de dégustation dont l'image repose essentiellement sur la provenance du cacao. Mais cet intérêt pour les cacaos fins ou "d'origine" ne doit pas faire oublier le développement soutenu du marché des barres chocolatées ou autres "coupe-faim" dans lesquels le cacao n'est qu'une matière première parmi d'autres. Les préoccupations de qualité concernent aussi la production de ce cacao courant, "le bult".
V. Le chocolat en France
Savez-vous que 94 % des Français consomment du chocolat. 70 % d'entre
eux en consomment au moins une fois par semaine, et 30 % au moins une fois par
jour!
Savez-vous que l'amateur régulier de chocolat, est en général
un homme, entre 18 et 34 ans.
Savez vous que pendant la période des fêtes de fin d'année
1998 : entre le 24décembre et le 1er janvier, 35000 tonnes de chocolat
furent consommés en France !